Vade mecum in terra incognita, audaces fortuna juvat. A musical trip through the different ways of rock music.
La musique proposée est assez déconcertante pour qui se souvient de David Crosby avec sa guitare acoustique et ses harmonies douces, mais cela ne devrait pas surprendre ceux qui connaissent son amour de longue date pour le jazz. De Dave Brubeck à John Coltrane, en passant par Chet Baker, Gerry Mulligan, et Miles Davis, Crosby a toujours eu une oreille attentive pour les arrangements et les mélodies complexes. Sur cet album, il se libère de toutes contraintes stylistiques pour offrir quelque chose de profondément enrichissant et sophistiqué.
Prenez « She's Got To Be Somewhere » par exemple. Une écoute en aveugle pourrait vous faire penser à Steely Dan, avec ses arrangements jazzy et ses mélodies sinueuses. Cette comparaison n'est pas exagérée. Le morceau se déploie avec une élégance et une précision qui rappellent le travail de Donald Fagen et Walter Becker. L'album dans son ensemble peut également être rapproché des œuvres de Joni Mitchell, en particulier lorsqu'elle a collaboré avec des musiciens de jazz comme Jaco Pastorius, Wayne Shorter et Larry Carlton sur des albums tels que Hejira.
Et il y a une bonne raison à cette comparaison avec Joni Mitchell. Crosby reprend "Amelia" de l'album précité Hejira, rendant ainsi hommage à l'une de ses plus grandes influences et anciennes compagnes. C'est une connexion qui va au-delà de la simple admiration musicale ; c'est un témoignage de la longue et complexe relation entre les deux artistes, une relation qui a commencé lorsque Crosby a produit le premier album de Joni, Song to a Seagull, en 1967.
Les arrangements de "Before Tomorrow Falls on Love" et "Here It's Almost Sunset" continuent dans cette veine jazz sophistiquée. Ces morceaux présentent un travail de basse époustouflant de la part de Mai Agan, un bassiste estonien dont les lignes mélodiques ajoutent une profondeur et une richesse à la musique de Crosby. On sent que chaque note, chaque accord, est soigneusement placé, créant une tapisserie sonore complexe et envoûtante.
Crosby reste manifestement obsédé par Joni Mitchell, une obsession qui transparaît dans chaque note et chaque arrangement de cet album. Il ne s'agit pas seulement d'une influence musicale, mais d'une muse éternelle qui continue d'inspirer son travail. Le fait qu'il ait produit Song to a Seagull est une anecdote bien connue, mais l'impact de cette collaboration initiale se fait encore sentir, des décennies plus tard, dans sa musique.
Cet album n'est pas simplement un retour pour Crosby ; c'est une réinvention, une affirmation de son amour pour le jazz et pour les complexités de la musique qui vont au-delà des simples harmonies et mélodies. C'est une déclaration d'un artiste qui, malgré les décennies passées, continue de repousser les frontières et de chercher de nouvelles façons d'exprimer son art. Pour ceux qui connaissent et aiment la carrière de Crosby, c'est une nouvelle étape fascinante dans un voyage musical déjà légendaire. Pour ceux qui le découvrent, c'est une porte ouverte sur un monde de possibilités musicales infinies.
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