Voilà un disque qu'à coup sûr les radios ne diffuseront pas ; qui ne se vendra pas ; où l'on n'entrera qu'à force de patience, d'ascèse, en se laissant doubler par tous les gens pressés ; et dont le temps se chargera d'assurer doucement la réputation puis le statut de chef d'oeuvre. Si Bill Callahan est un immense songwriter, l'égal d'un Leonard Cohen ou d'un Lou Reed, du moins résiste-t-il au classicisme formel du premier et au génie de l'accroche du second. Des structures musicales étrangement flottantes, spectrales, à peine identifiables à la première écoute, mais insidieuses, malignes, traversées de toujours superbes guitares électriques et de flûtes virginales d'autant plus incongrues que luttant parfois avec les crincrins réminiscents d'une country-western des origines ou fantasmée comme telle, se mettent au service de textes forts, lucides, et d'une voix des plus envoûtantes mixée très en avant, proche, profonde, amie. Il y a une forme d'épique dans l'exposition de l'intime selon Callahan, et un art sans équivalent de confondre l'exploration du proche intérieur à la contemplation des grands espaces américains. C'est éclatant de singularité, de beauté, d'ampleur.
Sublime et énivrant ...
2013
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