Sticky Fingers came at a time when—on record, at least—the Rolling Stones could do no wrong. This album could reasonably be called their peak. They were called the World's Greatest Rock'n'Roll Band for entirely too long, but if that designation ever applied, it was here.
Quand "Sticky Fingers" est sorti en 1971, c'était comme si les Rolling Stones avaient réussi à capturer l'essence même du rock'n'roll et l'avaient distillée dans un album qui suinte de sexe, de drogue et d'une sorte de romantisme décadent que seule la fin des années 60 aurait pu engendrer. Cet album n'est pas juste un enregistrement, c'est une déclaration, un manifeste sonore de la désinvolture et de la passion brute.
L'ouverture avec "Brown Sugar" ne laisse aucun doute sur la direction de l'album : un riff tranchant comme une lame de rasoir, des paroles scandaleuses et un groove inébranlable. C'est une chanson qui transpire de controverse, et c'est exactement ce que les Stones font de mieux. Ils provoquent, ils bousculent, et ils font bouger des foules de fans qui ne demandent rien de plus que de se perdre dans cette anarchie musicale contrôlée.
Puis il y a "Sway", une ballade mélancolique qui dégouline de blues, avec Mick Jagger qui chante comme un homme possédé, chaque note de sa voix rappelant une douleur profonde et personnelle. C'est comme s'il était allé chercher au plus profond de son âme et avait craché tout ça sur le vinyle. La guitare de Mick Taylor pleure, elle aussi, ajoutant une dimension presque surnaturelle à la piste.
"Wild Horses" est l'une de ces chansons intemporelles que les Stones semblaient capables de sortir de leur manche sans effort. C'est une ballade aussi douce que poignante, avec des paroles qui parlent directement à cette part de nous qui aspire à la liberté mais est constamment retenue par les chaînes de nos propres désirs et erreurs. C'est la beauté de la simplicité, et pourtant, elle est chargée d'une émotion complexe qui transcende les mots.
Et n'oublions pas "Can't You Hear Me Knocking", où les Stones s'aventurent dans une jam session presque improvisée qui s'étend sur plus de sept minutes. C'est le genre de truc qui montre pourquoi ils sont les meilleurs dans ce qu'ils font : ce mélange de rock brut avec des éléments de jazz et de funk, Keith Richards et Mick Taylor jouant comme s'ils étaient en duel, et le saxophone de Bobby Keys qui vient couronner le tout d'une touche de génie.
"Sticky Fingers" est aussi un album sur la décadence et l'excès, avec des morceaux comme "Sister Morphine" et "Dead Flowers" qui explorent les recoins sombres de la vie rock'n'roll. C'est un regard sans concession sur les ravages de la drogue et la perte de soi, raconté avec une honnêteté brutale. Jagger et Richards ne se contentent pas de raconter des histoires, ils les vivent, et cela se ressent dans chaque note.
Ce qui rend "Sticky Fingers" si spécial, c'est que malgré toute sa noirceur et son cynisme, il reste un album incroyablement vivant. C'est une célébration de l'esprit indomptable du rock'n'roll, une preuve que même dans les moments les plus sombres, il y a une lumière qui brûle, aussi vacillante soit-elle. Les Stones, à leur meilleur, nous rappellent que la vraie magie du rock réside dans sa capacité à capturer l'essence même de la condition humaine – brute, imparfaite, et pourtant, infiniment belle.
En somme, "Sticky Fingers" est une œuvre maîtresse des Rolling Stones, un album qui, même des décennies plus tard, résonne avec une puissance et une pertinence qui défient le temps. Si Lester Bangs était là pour le critiquer, il ne pourrait qu'admirer cette débauche artistique qui transcende les époques, et reconnaître que les Stones, à ce moment précis, étaient vraiment les rois du rock.
Tracks :
1. Brown Sugar 3:50
2. Sway 3:45
3. Wild Horses 5:41
4. Can't You Hear Me Knocking 7:17
5. You Gotta Move 2:32
6. Bitch 3:42
7. I Got The Blues 4:00
8. Sister Morphine 5:34
9. Dead Flowers 4:05
10. Moonlight Mile 5:56
Line-Up :
Vocals, Percussion – M. Jagger
Guitar, Acoustic Guitar – K. Richard
Bass – B. Wyman
Drums – C. Watts
Guitar – M. Taylor
Piano – I. Stewart
Saxophone – B. Keyes
Piano – N. Hopkins
Strings – P. Buckmaster
Piano – J. Dickinson
Congas – Rocky Dijon
Organ – B. Preston
Trumpet – J. Price
Percussion – J. Miller
Guitar – Ry Cooder
Piano – Jack Nitzsche